La bio piraterie est le fait d’exploiter de manière plus ou moins autorisée des ressources biologiques et/ ou connaissances sur celles-ci, à les breveter et à les distribuer de manière non équitable.
Une piraterie du produit sur la ressource ou sur le savoir associé.
Comment être un « Bio Pirate »?
Étape 1 – La Bioprospection
Dans un pays exotique, un industriel récolte discrètement une plante. Envoyé spécial de l’industrie agroalimentaire, pharmaceutique ou cosmétique déguisé en touriste, il se renseigne auprès des ruraux et autochtones sur ses vertus, son utilisation,… Chamanes, guérisseurs, ils y passent tous pour livrer amicalement leurs recettes ancestrales. Des agriculteurs produisant selon des procédés traditionnels et pérennes adaptés au climat et à la biodiversité.
Étape 2 – Traitement en laboratoire
Il revient tranquillement dans son laboratoire, analyse son échantillon et extrait la molécule aux vertus cosmétiques ou thérapeutiques : le « principe actif ». Extraction facilitée par les connaissances glanées initialement. Il manipule génétiquement et procède ainsi à l’étape suivante.
Étape 3 – Le Dépôt du brevet
Il se l’approprie et la considère comme état son invention. On oublie à ce stade là, toute la culture antérieure qui utilise cette plante depuis des générations, qui la respecte et tutti quanti. Il y accole donc un « droit de la propriété intellectuelle » (Exit le droit de la Nature) pour y avoir réalisé un acte de transformation : une modification ou extraction quelconque transformant ainsi ce bien commun en propriété privée. Brevet déposé, cet industriel se retrouve ainsi propriétaire et unique détenteur de ce produit crée à partir de ressources naturelles et savoirs locaux.
Étape 4 – Production, Industrialisation et distribution
En tant que propriétaire, il peut ainsi naturellement exploiter cette plante et son « principe actif » déposé, récolté sur ces « terres exotiques », et vendre en masse sans que les ruraux, la base du savoir ne perçoivent un bénéfice de cette exploitation. Potentiellement, d’autres industriels tenteront un nouveau brevet « l’extraction est chimiquement différente », et s’installera lui aussi sur les terres pour exploiter tranquillement sa plante !
Un « pillage en règle » comme citera Harvé Valentin.
Des conséquences écologiques, économiques et sociales
La bio piraterie a des conséquences tout d’abord écologiques de part la monoculture massive qu’elle engendre. Ne se souciant guère d’une production durable, les impacts sur le respect des ressources naturelles et de la biodiversité seront sans égal.
Locales et économiques car soit les populations locales sont mises hors du circuit de production, se faisant ainsi exploiter leurs terres sans aucun « compromis », soit les états ont mis des « accords de partage » sans que les industriels les respectent, soit au contraire, elles deviennent financièrement dépendantes de ces firmes, exploitant leurs propres terres pour des salaires misérables et des postes de première ligne. Dans tous les cas, les populations autochtones peinent à recevoir les avantages et bénéfices de ces epxloitations.
Des conséquences sociales puisque ce savoir collectif, ancestrale et générationnel se privatise, perdant ainsi petit à petit cette connaissance traditionnelle.
La Convention de l’ONU sur la diversité biologique, en vigueur depuis 1993 prévoit que les populations autochtones doivent donner leur accord à l’utilisation commerciale de leurs « ressources », consentement préalable en connaissance de cause, permettant ainsi de bénéficier d’un partage équitable de l’exploitation.
Un mépris sur leur droit territorial d’exploitation et sur le savoir lié.
Publié le : 19 mars 2016